Les incendies émotionnels
- Captain Emeline
- 16 janv. 2020
- 3 min de lecture
A touch is a blow
A sound is a noise
A misfortune is a tragedy
A joy is an extasy
A friend is a lover
A lover is a god
And failure is death.
Mrs Pearl Buck
Fidèle à mon habitude d’insomnies propre à ces derniers temps de troubles, j’écris à cette heure tardive parce que je ne sais plus quoi faire pour me faire dormir sereinement.
Je ne suis qu’émotions.
Je suis peur : peur de tout faire basculer vers l’échec demain lors de nos retrouvailles avec mon employeur après notre dernière réunion houleuse.
Je suis colère : dans mon coeur et mon corps, je porte encore les traces de mon indignation contre ce qu’ils m’ont fait subir la dernière fois.
Je suis flots de peine : j’ai perdu la confiance en eux, et réciproquement, vais-je un jour la retrouver ? En ai-je vraiment envie ?
Je suis espoir : et si je pouvais enfin trouver un arrangement convenable ?
Je suis honte : honte de ce que je leur ai fait subir, de ce que je suis, de mes défauts et leurs conséquences, de ma vulnérabilité psychique, cognitive et émotionnelle…
Je suis agressivité : envie de lui faire mal comme ils m’ont fait mal.
Je suis solitude : rien ni personne pour être à mes côtés le jour j, je suis seule face à mes problèmes.
Je suis désir de plaire : perfectionniste de la relation à l’autre, je veux rester dans son regard une personne de très grande qualité, comme j’aimerais que son Dieu et mon Dieu le perçoive…
Je suis hypocrite : je ne veux pas lui dire combien je suis en colère contre eux.
Je suis compassion : je comprends leur indignation et leurs propres soucis.
Je suis rejet : vomir le travail, les gens, la société, les souffrances et les souffrants, la vie.
Je suis néant : un petit mouton de poussière dans un recoin de ma grande maison vide.
Je suis impuissante : coincée entre deux draps, sans énergie pour se nourrir, petite proie prête à être dévorée par ses propres crocs.
Je suis amour : il ne me reste que ma famille, mes amis, mon chat… mon Dieu.
Je suis mélancolie : reverrais-je un jour la lumière ?
Je suis nostalgie : où sont passées mes jeunes années de rêveries et de francs sourires ?
Je suis perte : mon ignorance s’est envolée avec mon enfance, je suis nue au milieu du monde.
Je suis gain : maturité, épreuves, souffrances… on les appelle comme on veut dans un roman. Dans la vraie vie, on ne les appelle pas.
On les subit simplement.
Une seule chose est sûre dans tout ça… je suis.
Je ne pense plus. Oserai-je écrire alors que les pensées s’évaporent au fur et à mesure qu’elles naissent dans ma tête vide ? Que vais-je écrire ?
Je passe mes journées à laver, espérant me fatiguer suffisamment pour dormir le reste du temps.
Je passe mes journées à laver, espérant nettoyer cette tête pleine de soucis.
Je passe mes journées à laver, alors que ma chambre est aussi sale et bordélique que l’intérieur de mon crâne.
Je ne suis plus lourde. Je ne suis plus cette éponge trop gonflée.
Je peux à nouveau conduire ma voiture, être libre d’aller où bon me semble.
Je peux à nouveau me réveiller sans alarme, être libre de vivre quand j’ai fini de mourir.
Je peux à nouveau parler toute seule, être libre de m’engueuler et de me consoler.
Je peux à nouveau rêver d’autres vies, être libre d’imaginer toutes les histoires possibles que j’aurais pu vivre, celles que je pourrais vivre encore.
Je peux à nouveau refuser qu’on me traîne dans la boue, être libre de me traîner moi-même.
Je peux à nouveau rire avec mes amis, être libre de garder de la rancune et des souvenirs joyeux.
Je peux à nouveau descendre pleinement dans le Monde, en courant alternatif, lorsqu’il n’y a pas trop de nuages dans ma chevelure d’ange, lorsque mes yeux azurs ne virent pas à l’orage.
Je peux à nouveau respirer autrement qu’en apnée, nager autrement que ligotée, plonger autrement que plombée.
Je peux ? Vraiment ?
And we become
Night time dreamers
Street walkers
Small talkers
When we should be
Daydreamers
Moon walkers
Dream talkers
Aurora

bravo pour tes textes qui sont beaux et poignants à la fois...mais qui en disent long aussi sur ta souffrance...