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La Femme Sauvage

  • Photo du rédacteur: Captain Emeline
    Captain Emeline
  • 16 janv. 2020
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 avr. 2020

L'intuition est l'intelligence qui a commis un excès de vitesse.

Henry Bernstein


Clarissa Pinkola Estés est une auteure parfaitement inconnue qui s'est évertuée à utiliser les contes dans ses psychothérapies avec les femmes. Son cheval de bataille est ... un loup.

Elle a pour profonde conviction que les femmes sont semblables aux loups. Non pas que les hommes ne le soient pas, simplement il est très peu question d'eux dans le livre.

Leurs similarités sont effectivement multiples et elle prend le temps de les décrire avec précision.


Les femmes et les loups sont dotés de sens aiguisés, d'un esprit ludique, d'une aptitude extrême au dévouement. Relationnels par nature, ils manifestent force, endurance et curiosité. Ils sont profondément intuitifs, très attachés à leur compagne ou compagnon, leurs petits, leur bande. Ils savent s’adapter à des conditions perpétuellement changeantes. Leur courage et leur vaillance sont remarquables.


Je me reconnais bien dans ce portrait, je dois l'admettre. Loin de moi l'idée d'en faire une vérité universelle, j'aime simplement voir la singularité des Êtres à travers le prisme des autres. Elle décrit d'ailleurs son enfance avec les mots qu'il m'a toujours manqué.


J’avais un seul désir : vagabonder, l’âme en extase. Aux chaises et aux tables je préférais le sol, les arbres, les grottes, car je pouvais m’y appuyer sur la joue de Dieu.


Ce n'est pourtant pas avec autant de mysticisme qu'elle développe son concept principal. Ce concept qui a vraiment fait changer mon regard sur mon Être.

La Femme Sauvage.

Le mot est rude d'un premier abord. Il a pourtant teinté comme un carillon brillant dans mon oreille, j'étais curieuse d'en connaître plus rien qu'en lisant le titre énigmatique du livre.


La Femme Sauvage est la nature instinctive profonde de la psyché féminine.


La nature instinctive. L'intuition. Je l'appelle mon intuition. Je l'ai au fond de moi, tapie, et je lui fait entièrement confiance. C'est elle qui créé, qui dirige mes pas et répond à toutes mes questions avec sagesse.

L'auteure va plus loin. Elle parle du lien à notre Femme Sauvage, comme si nous l'avions en nous. Je ne peux pas m'empêcher de penser à mes rêves récurant... ces rêves où je suis une femme avec des pouvoirs incontrôlables qui la dépassent mais qui une fois apprivoisés s'avèrent bénéfiques pour le monde. La femme de ces rêves est devenue tellement présente, presque obsédante, que j'ai fini par lui donner un nom, bien avant d'apprendre le nom de Femme Sauvage. La mienne s'appelle Elohi. La sonorité est proche de Elohim qui est un des noms hébreux de Dieu. Une femme proche de Dieu, faite à son image, mais imparfaite. A force d'être hantée par elle, j'ai couché sur le papier son histoire et en ai fait un roman. Quel est donc mon lien avec ma Femme Sauvage pour que je sois obligée de la laisser s'exprimer avec autant de force ?


Symptômes de la rupture du lien avec cette nature : se sentir stérile, lessivée, froide, fragile, déprimée, muselée, bâillonnée, froide, sans inspiration, pétrie de honte, chroniquement sur les nerfs, d’humeur changeante, coincée, squeezée, rendue zinzin, improductive.

Impuissante, à vif, bloquée, doutant perpétuellement, incapable d’aller jusqu’au bout, sacrifiant sa créativité aux autres se laissant dévorer par le travail, les hommes ou les amis, inerte, indécise, sans assurance, incapable de trouver le calme, de se fixer des limites.

Ignorante de ses propres rythmes, mal à l’aise, loin de son Dieu, loin de tout ce qui peut revivifier, noyée sous les tâches domestiques, le travail, intellectualisant à outrance ou sombrant dans l’inertie, parce que tout cela est rassurant pour quelqu’un qui a perdu ses instincts.

Effrayée à l’idée de se retrouver seule ou de se dévoiler, de se chercher un mentor, une mère, un père, de montrer un travail encore inachevé, de partir en voyage, de s’occuper d’un autre ou des autres, de manquer, de s’effondrer. Craignant l’autorité, fléchissant, perdant son énergie au moment de se lancer dans un projet créatif. Humiliation, fureur, repli, anxiété.

Craignant de mordre lorsqu’il n’y a rien d’autre à faire. Peur de la nouveauté, d’affronter les choses, de prendre la parole, de s’élever contre, coeur serré, estomac retourné, pliée en deux, étranglée, trop gentille, trop conciliante. Revanche.


Autant ? Vraiment ?

Cela m'a ressemblé souvent.


Une femme saine est comme une louve : robuste, pleine comme un oeuf, débordante de vitalité, consciente de son territoire, donneuse de vie, inventive, loyale, bougeant beaucoup.

S’adjoindre à la nature instinctuelle (…) signifie marquer son territoire, trouver sa bande, être bien dans son corps, fière de son corps, tenir compte de ses qualités et de ses limites, parler et agir en son nom propre, être en éveil, en alerte, utiliser ses pouvoirs féminins innés que sont l’intuition et le fait de sentir les choses, intégrer ses propres rythmes, découvrir sa véritable appartenance, se montrer digne, conserver le plus possible de conscience.


Cela me réconforte. J'ai aussi été cette personne.

Mes quatre principes de vie :

- être loyale envers moi-même et envers autrui

- m'exprimer et créer librement, communiquer sans contraintes et à mon initiative

- analyser au plus profond et au plus juste

- être en mouvement, évoluer, de préférence vers un but ou un idéal.

Je n'ai pas choisi ces principes. Ils se sont imposés à moi. Peut-être via Elohi ?

Si je devais décrire ma relation à Elohi, je dirais que je la retrouve en ce moment... après l'avoir délaissée pour devenir un semblant d'adulte. J'ai mis des masques qui n'en valaient pas la peine et je souhaiterais l'écouter plus simplement, maintenant que les masques sont tombés et que je suis à terre.

Elle est plus proche parce que j'ose dire ce que je pense, même si c'est au milieu des sanglots - il est si dur parfois d'accoucher de ses mots.

Elle est plus proche parce que j'ose partager mes créations, même si c'est en étant couverte de honte - il est si dur parfois de montrer sa noirceur.


La Femme Sauvage est la patronne de celles qui peignent, écrivent, sculptent, dansent, pensent, prient, cherchent, trouvent, car elles sont dans le domaine de l’invention et c’est là sa principale occupation. Elle est dans les tripes, non dans la tête comme toujours quand il s’agit d’art. Elle peut se lancer sur des traces, courir, convoquer, repousser, sentir, camoufler, aimer profondément.


Je pense qu'elle est la voie - la voix ? - vers Moi-même.


Avec la Femme Sauvage pour modèle, nous ne voyons plus le monde avec nos deux yeux seulement, mais avec les milliers d’yeux de l’intuition. L’intuition nous rend semblables à la nuit constellée d’étoiles.




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