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Le mot de la psy : Le pardon est-il thérapeutique ?

  • Photo du rédacteur: Captain Emeline
    Captain Emeline
  • 6 mars 2024
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 mars 2024




Le pardon en psychologie

La notion de pardon a été étudiée tardivement en psychologie, car le concept était considéré comme trop connoté moral voire religieux. Dire que tout le pardon est centré uniquement sur le christianisme, c'est négliger le fait que beaucoup de ceux qui étudient et pratiquent le pardon viennent d'autres traditions. Les psychologues se sont intéressés à la question à partir des années 90, particulièrement aux Etats-Unis où les sciences aiment interroger les croyances. Une première définition est arrivée grâce à Robert Enright et reste toujours la base de la théorie du pardon

“ Les gens, après avoir déterminé rationnellement qu'ils ont été traités injustement, pardonnent lorsqu'ils abandonnent volontairement le ressentiment et les réponses connexes (auxquelles ils ont droit). Ils s'efforcent de répondre au malfaiteur sur la base du principe moral de bienfaisance, qui peut inclure la compassion, la valeur inconditionnelle, la générosité et l'amour moral (auquel le malfaiteur, par la nature de l'acte ou des actes blessants, n'a aucun droit)”. 

Selon la psychologie positive actuelle, le pardon est d’abord un processus qui se produit à l’intérieur d’une personne. Il permet la prévention d’émotions négatives comme le ressentiment, l’amertume, la haine ou l’hostilité. Il peut aussi s'effectuer par rapport à une offense que l'on s'est inflige à soi-même. C’est également un processus interindividuel, qui génère la possibilité de répondre positivement, telle que la recherche d’une réconciliation avec l’offenseur, bien que cela ne soit pas une nécessité pour parler de pardon.


Le processus de pardon

Après avoir comparé plusieurs études, Enright conclut qu’il existe quatre grandes phases au processus de pardon

La phase de découverte est celle où l’on prend conscience de l’injustice d’une offense vécue et où l'on se confronte à sa colère envers l’offenseur. On prend alors conscience de l’incessante répétition mentale de l’offense, du gâchis d’énergie émotionnelle que cela implique, de notre possible honte. On réalise qu'on a mis en place des mécanismes de défense et que beaucoup de choses ont changé en nous de manière permanente depuis cette offense.

La phase de décision est lorsqu'on adhère à l'idée que nos anciennes stratégies mises en place ne sont pas efficaces pour nous soulager. Il s’agit d’un “changement de cœur" où l’on s’engage volontairement à pardonner l’offenseur. 

La phase de travail est un changement de perspective par rapport à la situation d’offense, avec une acceptation de la souffrance subie. On réécrit l’histoire avec d’autres points de vue, voire de l’empathie et de la compassion pour l’offenseur. Il s'agit d'offrir un cadeau moral à l’offenseur en lui retirant sa dette envers nous.

La phase d’approfondissement est une recherche de signification et de détente émotionnelle. On essaye de mettre du sens, pour soi et les autres, dans la souffrance et dans le processus de pardon. On prend conscience que ce processus nous donne un nouveau but à atteindre. On réalise que l’on a soi-même eu besoin du pardon des autres dans le passé et on prend conscience que l’on est pas seul.


L’efficacité du pardon

Enright a ensuite fait une série d’études expérimentales pour connaître les effets du processus de pardon dans le cadre de psychothérapies. Il a montré qu’utiliser le processus du pardon est très bénéfique en thérapie individuelle, et qu'on peut le considérer comme un soin à part entière puisqu’on obtient de meilleurs résultats qu’avec les autres soins auxquels il l’a comparé. Toutefois, le processus de pardon est moins efficace en thérapie de groupe et il n’y a plus aucune efficacité lorsqu’on s'arrête à la notion “d’engagement au pardon”, sans faire passer la personne par toutes les étapes du processus

Depuis une vingtaine d’années, la communauté scientifique s’accorde à dire que les résultats positifs des interventions d’éducateurs ou de psychologues utilisant le processus du pardon ne sont pas le résultat de seulement quelques leaders très talentueux. Récemment, il a été montré que le processus de pardon est même un véritable facteur de protection contre les maladies cardio-vasculaires. 

De nombreuses études ont montré son intérêt lorsqu’il s’agit d’une démarche consentie, éclairée et active pour les participants. Personne ne doit être forcé à pardonner, car cela serait contre-productif. Le processus ne fonctionne que s'il est fait au rythme de l'offensé, en respectant son engagement à pardonner ou à ne pas pardonner. L'adhésion à l'idée que le pardon nous soit bénéfique est très personnelle, elle dépend de nos propres croyances et notre système moral. Le fait que la Science va dans ce sens pourrait peut-être nous encourager à donner au pardon une vraie place dans notre vie et dans notre société.


Passer par un processus de pardon authentique est bon pour les émotions, les schémas de pensées, le corps, les relations … bref, c’est bon pour la santé !



Publié en 2023 dans le magazine Aspir'à + Journal de ma vie intérieure numéro 2 : Le pardon qui guérit dans la Bible

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