La santé est-elle notre besoin essentiel ?
- Captain Emeline
- 22 mars 2024
- 3 min de lecture
“Santé !” crient tous mes invités en trinquant pendant les fêtes - “oui surtout la santé !” renchérissent les plus âgés. Mais s’agit-il de ce que l’on peut souhaiter de mieux à nos proches ? N’y-a-t-il pas encore plus à viser, quelque chose de plus essentiel à souhaiter ?
En tant que psychologue, j’ai appris à la faculté que la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité. C’est la définition officielle donnée par l’Organisme Mondiale de Santé. Deux idées m'interpellent : la santé ne recouvre pas seulement le physique ; et un état de “complet bien-être” va bien au-delà de l’absence de maladies.
Tout d’abord, cela m’étonne combien la santé physique a plus de valeur dans notre société que la santé mentale, que ce soit à l’échelle de l’Etat ou dans les mœurs. La peur du fou est encore bien ancrée. L’humoriste Gad Elmaleh dépeint cette tendance avec finesse : on dit “je vais voir quelqu’un” ou “je me fais suivre” à demi-mot, en chuchotant. Deux beaux euphémismes pour exprimer que notre santé mentale décline. En revanche, il est fréquent d’arriver en cours ou au travail en disant spontanément : “je me suis bloqué le dos hier” à la question “comment vas-tu ?”. Oserons-nous répondre un jour : “physiquement je vais bien, mais mentalement j’ai encore besoin de soins” ? Est-ce que cela attirera un regard compatissant, sans méfiance, sans arrière-pensées : “houla ! qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans sa tête” ? Le bien-être passe forcément par le mental, cela paraît évident. Il ne semble pas juste de mettre de côté ou de rabaisser la vie intérieure, d’en avoir honte ou d’en avoir peur. Elle fait partie de nous.
Lorsque l’on reçoit un patient en consultation, on doit s’intéresser en priorité à son ressenti de bien-être complet, au-delà d’une maladie ou d’une infirmité objectivable. C’est la deuxième idée qui m’a bousculée lors de ma pratique professionnelle. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes handicapées ou en mauvaise santé se sentir en complet bien-être. Et à l’inverse, j’ai vu des personnes qui sont en bonne santé physique, psychique, sociale, mais qui ne peuvent pas affirmer pour autant qu’elles ressentent un complet bien-être. Elles ressentent une sorte d’errance intérieure, comme s’il manquait de la saveur à leur vie. Peut-être est-ce votre cas ? C’était le mien il y a quelques années.
Une bonne santé soulage, mais ne comble pas notre être. Pour obtenir un complet bien-être, il y a ce que le psychiatre chrétien David Allen nomme avec justesse “la quête intérieure et la découverte spirituelle” dans son livre Libérés de nos blessures (1993). Cette quête est aussi appelée la phase de “questionnements existentiels” par les psychologues non-croyants. Selon de nombreux professionnels dont je fais partie, trouver un sens profond à la vie est un besoin essentiel pour ressentir un complet bien-être.
C’est également le message de la Bible. Nous avons besoin d’ouvrir nos yeux et nos cœurs à la lumière de Dieu, pour comprendre à quelle espérance il a appelé les croyants (Ephésiens 1.18). Quelle est cette espérance qui pourrait pleinement combler ? Un héritage riche et splendide, une puissance extraordinaire dont Dieu dispose pour les croyants : la résurrection des corps pour une vie nouvelle, éternelle et parfaitement comblée. L’espérance de ce prodigieux héritage est ce qui comble le cœur du chrétien. Elle est un trésor spirituel que l’on peut porter en soi comme dans des vases d’argiles, dans notre être si fragile (2 Corinthiens 4.7). La santé physique, psychique ou sociale peut décliner, mais le croyant peut toujours se tourner vers cette espérance et continuer son chemin. Paul, un des premiers chrétiens, affirme aux destinataires de sa lettre aux croyants de Corinthe : “C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Même si notre être physique se détruit peu à peu, notre être spirituel se renouvelle de jour en jour.”
Alors c’est ce que je veux souhaiter à mes proches cette année : “bonne quête intérieure !” Leurs regards interrogateurs feront peut-être naître d’intéressantes discussions ?
Publié en 2022 dans la rubrique Bien être et santé du magazine Croire et Vivre
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