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La nuit est tombée sur la maisonnée

  • Photo du rédacteur: Captain Emeline
    Captain Emeline
  • 24 août 2019
  • 3 min de lecture

La nuit est tombée sur la maisonnée

Mes amies sont endormies à mes côtés,

Mes fidèles amies depuis maintenant dix années,

Pourtant, tout mon être ne veut pas se reposer.

Je suis assise au milieu de l’obscurité,

Comment faire pour me réconforter ?

J’ai vainement fait couler un thé,

Après avoir glissé du lit pour m’être trop longtemps tournée et retournée.

Je crois bien que nous avons trop parlé.

Nous avons abordé bien des secrets ;

Les grandes questions existentielles ont fusé ;

Chacune avait quelque chose à ajouter ;

Et moi, je me suis noyée.

La nuit est tombée sur la maisonnée,

Pourtant, tout mon être reste éveillé.

Il est trop occupé à penser, à bouger, à imaginer.


Ma Chère Sam, j’aurais beaucoup aimé te voir cet été,

Pour tout te partager,

Sur toi me reposer…

Oui, toi, tu sais comment me réconforter.


Tant de sujets de tracas… je ne peux les dénombrer.

Vais-je tenir le coup à la rentrée ?

Et que faire l’été d’après ?

Voyager ?

Étudier ?

Travailler ?

Où, quand, comment, avec quel argent, avec qui, qu’est-ce que je fais ?

Une thèse ?… galères assurées, mais peut-être en paix.

Des études bibliques ?… dans quel but, je ne sais.

Un voyage ?… c’est bien beau, mais je n’en vois pas les bienfaits.

Être salariée ?… c’est me mettre en prison à un âge prématuré.


Et encore, ce n’est qu’à propos de l’avenir que j’ai parlé !

Je ne raconte pas mes soucis concernant le passé !

Nous avons remué une vase de secrets…

Sur mes épaules fatiguées elle s’est déposée.

J’ai questionné,

J’ai rationalisé,

J’ai prié,

J’ai gémis, j’ai fuis, j’ai piétiné.


Un thé.

Voilà tout ce qui reste de ma paix.

A peine chauffé.

A peine parfumé.

Incapable de me consoler.


Mon esprit se croit tout-puissant lorsqu’on ferme les volets.

Il se met à enfler, à enfler, enfler !

Il est prêt à exploser !

Arrogant personnage,

Bête sauvage,

Tortueux virage,

Houleux rivage,

Orageux nuage,

Mon esprit perd pieds.


A coup de médicaments je voudrais l’assommer.

Mais il fait attention à sa propre survie, puisque je les ai oublié.

« Pas d’anxiolytiques ce soir, c’est bien fait ! »

Il rit de mon état, ingrat, il ne fait que me narguer.

Que faire de ces moments si vite oubliés ?

Ces moments de vide, ces instants gaspillés ?

Je n’ai pas d’autre idée…

Que d’utiliser les mots pour les sublimer.


Les pensées sont mes maux,

Et les mots pansent mes pensées.


Demain, je les trouverais beaux

Ces vers dont j’ai si durement accouché.

Mais ce soir, je suis lasse et accablée.

Je voudrais me recoucher.


La nuit est tombée sur la maisonnée,

Pourtant, aucun songe ne m’a été accordé.

Ils m’ont tous été volés.

Cachés sous les oreillers.


La nuit est tombée.

Je suis tombée.


Quand va-t-elle se lever ?

Quand vais-je me relever ?


Il est l’heure tardive où aujourd’hui est demain et demain est aujourd’hui… hier est passé, je ne le reverrai plus, demain n’est pas encore là et je ne l’attends plus, j’erre entre deux jours, entre deux réveils, à l’affût du moindre rêve qui me passe au dessus de la tête, je suis prête à l’attraper à l’épuisette s’il passe près de mon nez, je sauterais dessus comme une âme perdue, je le maintiendrais contre mon coeur pour qu’il ne s’éloigne pas, je le chérirais, l’écrirais, le développerais, le regarderais, le lirais, l’imaginerais, encore et encore avec toute ma tendresse, comme on regarde son enfant, son précieux enfant, inconscient mais calme et tranquille, en sécurité dans le sein de sa mère, voilà à quoi ressemble mon rêve tant attendu, voilà à quoi ressemble le salut à cette heure tardive où les réveillés ne sont plus.


Mes terres intérieures sont inondées

Des flots impétueux de mes pensées.


03.00


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